Le Haut Moyen-Âge – Ve à IXe siècle après J.C.
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Une étude difficile
La documentation locale est assez disparate et inégale sur le territoire national ; il est donc difficile d’en établir une synthèse. Notons que cette documentation provient presque exclusivement de l’étude des nécropoles et que la disparition de la tradition du dépôt funéraire au VIIIe siècle rend l’étude encore plus complexe.
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fUn recul technologique associé au développement d’un marché localLa fin de l’Antiquité (IVe – début Ve siècle) marque une période de renouvellement par un retour aux traditions gauloises parallèlement au maintien des traditions antiques qui va poser les bases du répertoire moyenâgeux. Dans certaines régions, le retour aux traditions gauloises est accentué par l’influence germanique (par exemple les vases à pieds coniques creux, types d’origine celte, est repris notamment en Argonne à partir du IVe siècle). Ainsi, la France du Nord et la Belgique connaissent le développement d’un répertoire non tourné dû à des populations germaniques installées dans ces régions, fédérées à l’Empire Romain par des traités militaires et le versement de tributs. Les grandes invasions de 406 entraînent une lente asphyxie du marché et de la consommation ; par conséquent, la production se tourne vers des marchés domestiques. Certaines grandes officines disparaissent à la fin du IVe siècle au profit d’ateliers plus petits et locaux. Les productions d’Argonne se perpétuent, perdant un peu en qualité (production de céramique en pâte rouge, forme de sigillée abâtardie au Ve siècle). Notons également l’existence des céramiques paléochrétiennes de bonne qualité, décorées, dérivées des sigillées claires qui se poursuit au-delà du Ve siècle. Les dérivées de sigillées paléochrétiennes dominent dans le répertoire de la vaisselle fine dans le sud, alors que ce sont les imitations d’Argonne qui sont majoritaires dans le nord à la fin du IVe siècle et au Ve siècle. Quelques grands centres émergent et continuent à produire et exporter des céramiques de qualité (cas des ateliers de potiers de l’Eifel produisant des céramiques granuleuses – fin IVe à VIIe siècle). La raréfaction des grandes officines, le repli au marché domestique d’une grande partie de l’activité expliquent localement le recul technologique. Il en résulte, parallèlement aux productions de qualité (exportées, imitant le style des sigillées tardives ou de formes locales carénées à partir du Ve siècle) une production domestique de vases de formes irrégulières, à fonds parfois bombés, de couleur grise ou noire, avec un répertoire de formes monotone et basique, loin de celui de l’Antiquité. dUne production régionalisée et diversifiée qui marque la « médiévalisation »La vaisselle du Haut Moyen-Âge est très diversifiée sur le plan régional. C’est le résultat du repli des productions sur des marchés domestiques (même si certaines grandes officines continuent à fonctionner, comme celles de l’Eifel). Si des régions conservent d’abord l’héritage gallo-romain, notamment en terme de décor ou éventuellement de répertoire (décor peint, décor à la molette…) les particularismes locaux ne manquent pas et empêchent rapidement une étude globale. Le « passage » définitif de la céramique commune au Moyen-Âge se fait en général entre le Ve et le VIe siècle, même si la vaisselle fine persiste encore tardivement dans ses formes néo-antiques.
Essai de description des formes les plus généraliséesDans les “grandes lignes”, nous pouvons dire : Ve – VIe siècle : vases carénés, production non tournée et tradition de la vaisselle fine gallo-romaine. L’apparition de vases biconiques ou carénés (forme constituée de deux cônes, séparés par une carène) se produit au Ve siècle et se poursuit jusqu’au début du VIIIe siècle, la carène étant de moins en moins prononcée avec le temps. Cette forme est souvent décorée de bandeaux horizontaux à la molette, au niveau de l’épaulement. Cette forme est considérée comme de la céramique fine de qualité ; la surface est souvent lissée, les fonds sont plats, les ouvertures plutôt larges. VIe – VIIe : poterie fine, commune, pots globulaires VIIIe -Xe siècle : pots globulaires, disparition des vases carénés – la céramique carolingienne Au IX et Xe, les pots globulaires tendent vers la généralisation. Le IXe siècle voit apparaître des types de poteries fines et de luxe. Les céramiques communes sont plutôt grises à cuisson réductrice.
Les modes de cuisson domestiquesLes cuissons des productions domestiques semblent avoir été réalisées en aire ouverte dans certains cas, mais on connaît aussi des exemples de four à un volume (VIe siècle), à tirage horizontal, qui indique une production plus évoluée et plus technique. Cela explique la réalisation de céramiques à cuisson oxydante et à cuisson réductrice, cette dernière devenant peu à peu majoritaire et s’imposant à l’époque carolingienne.
• Le cas de la vaisselle en verre Les verres sont peu nombreux. Au Ve siècle, les formes courantes sont des coupes et des bouteilles ornées de verre blanchâtre fondu en guirlande. Au VIe siècle, le gobelet caréné à fond convexe, terminé par un bouton, est caractéristique. Au VIIe siècle, les verres deviennent très rares ; il s’agit en général de coupes en verre bleu, à large lèvre.
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