L’Epoque Gallo-Romaine – 125 avant J.C. au Ve siècle après J.C
Les valeurs de l’urbanisation
Si la Guerre des Gaules a été difficile et meurtrière, l’occupation romaine est plutôt pacifique. La Gaule est romanisée en quelques décennies après la chute d’Alésia. Sous l’influence de la pax romana, les gaulois s’intègrent et profitent rapidement des avantages du modèle romain. Par l’urbanisme, les populations accèdent à un nouvel art de vivre. La Gaule prospère et devient une des plus belles provinces de l’Empire romain.
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L’organisation de la villeLa ville est construite ex nihilo ou depuis une structure préexistante comme un oppidum. Le plan géométrique domine dans les villes : les rues et les quartiers sont organisées autour de deux axes principaux, le cardo maximus (axe nord-sud) et le decumanus maximus (axe est-ouest), sous réserve que le relief topographique le permette. Les voies secondaires, perpendiculaires aux précédentes, définissent les îlots d’habitation (insulae). Le plan général est donc “en damier”, et les cases ont des formes rectangulaires, parfois triangulaires ou trapézoïdales. • Les rues La majorité des rues sont pavées. Le decumanus et le cardo peuvent atteindre 12m de large alors que les artères secondaires n’en ont en général que 4m. Elles sont aménagées par des trottoirs surélevés, des caniveaux à ciel ouvert qui dirigent les eaux de pluie vers les égouts souterrains. Des passages constitués de plots à hauteur des trottoirs permettent aux piétons de traverser de plein pied. Certaines rues sont réservées aux piétons. Notons que dans certains cas, il existe un éclairage public. • Les îlots Les îlots sont parfois structurés par des portiques et des boutiques, groupées par corporations et métiers. Les commerçants y tiennent en général des échoppes. Le centre de la ville est plutôt réservé aux riches ; il accueille les grands bâtiments publics, qui sont groupés autour de la place principale, le forum. La ville est équipée en général de thermes, d’un amphithéâtre, éventuellement d’un cirque ou d’un théâtre. En périphérie, on retrouve plutôt les quartiers populaires, habités par les commerçants, les marchands et les artisans. Cependant il y existe aussi de riches maisons patriciennes associées à leurs jardins. • Les immeubles de rapport Les gens de condition modeste habitent des immeubles de rapport. • Les maisons individuelles (domus) Les populations aisées habitent en général des maisons individuelles, la domus. Certaines sont absolument somptueuses. Sur les côtés extérieurs, elles comprennent en général des boutiques donnant sur la rue, qui sont louées ou qui sont gérées par le propriétaire. Les villae possèdent parfois deux étages, des jardins et des cours intérieures. Un potager est en général rattaché à la maison. L’entrée se fait par l’ostium (vestibule), qui conduit à l’atrium (grande salle carré ouverte au toit par le compluvium, qui recueille les eaux de pluie qui remplisse l’impluvium, un bassin). La cenaculum (la salle à manger), la cubiculum (la chambre), la bibliotheca (bibliothèque), l’exedra (petite salle de réunion), le tablium (cabinet du maître de maison), les cellae (chambres diverses), le laraire (autel du culte des ancêtres) s’articulent tout autour. Il existe également d’autres éléments, comme les écuries, les greniers, les latrines, les logements d’esclaves, les caves, le cellier, la cuisine, les bains privés… Plus tard, dans les maisons les plus riches, les pièces privées ou familiales seront placées autour d’une autre cour en arrière de l’atrium, autour d’un jardin d’agrément desservie par un péristyle (peristilium) à l’image des demeures grecques.
Le domaine foncier dans l’espace rural : la villaLe domaine foncier privé agricole est appelé fundus. Il comprend en théorie toutes les terres qui permettent à la villa située au milieu de ce dernier de vivre en autarcie. La villa gallo-romaine est caractéristique par sa forme géométrique qui est plus ou moins standardisée. On y trouve l’habitation du dominus (pars urbana), les bâtiments utilitaires (pars rustica), associés au logement des esclaves et des métayers à qui est louée la terre. Ces bâtiments sont complétés par divers éléments comme les greniers, les celliers, les caves, les écuries, les étables, les silos, les entrepôts, les ateliers… Notons que la villa est une construction pérenne, en maçonnerie, briques et pierre. Certaines villae sont comparables à de véritables palais et possèdent même des thermes, des fontaines monumentales, des portiques et sont reliées à des aqueducs… Ces villae, souvent saccagées par les invasions du Bas Empire, ont parfois été transformées en domaine mérovingien et carolingien au Haut Moyen-Âge (villa et curtis).
L’habitat rural modesteIl existe à côté un habitat rural plus modeste ; construit en pisé, il n’a laissé en général que peu de traces.
Le réseau viaire dans l’espace ruralIl existe en Gaule près de 10 000km de voies romaines, qui permettent les échanges de marchandises dans tous l’Empire mais aussi des déplacements rapides de troupes. On peut discerner plusieurs catégories de routes : les routes impériales, les routes militaires et publiques (viae publicae), les routes “régionales” (viae vicinales) et les voies privées. • Description technique des voies Les routes sont larges d’environ quatre mètres en moyenne. Elles sont construites sur trois couches de fondations. Toutes les voies ne sont pas pavées, notamment dans les campagnes. Mais en général, elles sont drainées, empierrées à niveau, parfois gravillonnées, rectilignes et bombées pour permettre l’écoulement des eaux. Elles franchissent les obstacles naturels par des ponts en bois ou en pierre à arche plein cintre. De nombreux aménagements ont été constatés comme le creusement de tranchées à flanc de montagne dans les défilés. Les voies sont marquées par des bornes milliaires, colonnes en calcaire ou en marbre, tous les 1 481 mètres (1 mille). Le long de la voie, on trouvait des relais (mutatio) et des gites d’étapes (mansio).
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