Le Haut Moyen-Âge – Ve à IXe siècle après J.C.
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Une étude difficile de l’habitat rural
Les villages restent difficiles à étudier car la majorité des constructions ont été réalisées en matières périssables (bois et torchis). Très souvent, les occupations postérieures médiévales ont effacé une grande partie des traces et vestiges exploitables. De plus la couche archéologique observable se résume souvent à une couche de « terre noire » [expression consacrée]trop souvent éliminer au cours du décapage…
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dLes vestiges structurantsL’étude de l’habitat rural s’appuie notamment sur l’analyse des vestiges structurants l’espace. Il s’agit principalement de vestiges de fossés, de fosses à détritus ou de stockage, de trous de poteaux, de traces de palissades, de présence de chemins « antiques », de cours d’eau, de mares, de murets ou de traces de parcellaires… Ces études font assez souvent appel à des analyses environnementalistes, s’appuyant sur la palynologie (étude des pollens), la pédologie (étude des sols) ou la sédimentologie (étude des sédiments). L’interprétation de ces éléments du paysage (qui forme une discipline appelée « landscape archaeology » ou étude du paysage/environnement) reste relativement complexe car les sources sont rares et les éléments considérés (un vieux mur, une mare, les rives d’un cours d’eau…) dynamiques et mouvants.
Le bâti du Haut Moyen-AgeLe bâti est principalement réalisé en bois. On ne retrouve en général que des fantômes de trous de poteaux (fosses de calage formant un avant-trou permettant de planter et stabiliser les poteaux porteurs de la construction). On peut souvent les regrouper par familles en fonction de leur typologie (diamètre, forme et taille de l’avant trou, technique de calage…). Il devient alors parfois possible de reconstituer les plans de bâtiments, mais trop souvent les constructions se superposant, il devient réellement difficile d’exploiter ces informations. Il est à noter que souvent la charpente ne repose pas sur des alignements réguliers, ce qui complique l’interprétation. Dans de nombreuses constructions, une sablière basse (poutre horizontale sur laquelle s’appuient les parois) a été utilisée. Il est parfois possible de mettre ce type de construction en évidence en essayant de mettre à jour l’excavation utilisée pour caler cette poutre, ainsi que des effets de parois possibles (discontinuité de la répartition de vestiges de type cendres, tessons, graviers « arrêtés » par la paroi). Les observations actuelles ont montré que les bâtiments ont rarement plus de six mètres de large (ou un multiple de cette valeur, car il s’agit de la portée maximale d’une poutre) pour une dizaine de mètres de long. Dans le cas des fermes carolingiennes, on retrouve en général un grand nombre de bâtiments groupés et spécialisés (banalités, grange, étable…).
Typologie des structures• Le fond de cabane Le fond de cabane constitue une structure couramment observée sur les chantiers du Haut Moyen Âge (c’est une structure courante des époques protohistoriques également). Le fond de cabane correspond aux vestiges d’un type de petit bâtiment excavé (environ 1,50 à 2,50 de largeur pour 2,5 à 4 m de long environ), dont la structure repose le plus souvent sur deux poteaux faîtiers et quatre poteaux d’angle. Certaines de ces cabanes étaient clayonnées et possédaient un plancher (l’excavation jouant le rôle de vide sanitaire). Les parois étaient en torchis et la couverture du toit en chaume. Ces cabanes, assez nombreuses autour des grands bâtiments, ont eu vraisemblablement une finalité utilitaire et artisanale : atelier, stockage, zone de foulage… La présence de deux trous de poteaux à l’intérieur est souvent à mettre en relation avec l’utilisation d’un métier à tisser vertical. • Les fours à usage culinaire Le four, de petite taille, est constitué par une voûte de pierre et d’argile. La sole est également en argile. Il s’agit d’une structure assez présente sur les sites du Haut Moyen-Age. • Les autres structures excavées Parmi les petites structures excavées, il est courant de trouver des silos, des fours de potier, des puits, des latrines, des fosses d’extraction (d’argile pour le torchis), des fosses à détritus… Leurs remplissages, contemporains ou postérieurs, apportent en général beaucoup d’informations sur les pratiques et la chronologie locale. Ainsi certains silos présentent des traces de rubéfaction dues au nettoyage par le feu… • Les greniers sur pilotis Les greniers surélevés sont aussi assez courants. Les poteaux sont au nombre de quatre ou six, de fortes sections, formant un carré et servant de pilotis pour la construction (signalons qu’il existe des cas où la structure s’appuie sur six poteaux disposés de façon hexagonale). Ils ne s’accompagnent par contre d’aucun effet de parois. Ils constituent également un type de vestiges courant aux époques protohistoriques.
Les villes du Haut Moyen-ÂgeS’appuyant sur les témoignages de Grégoire de Tours ou sur la Vie des Saints, beaucoup d’historiens ont longtemps pensé que le concept de ville était mort au Haut Moyen-Âge, tué par les invasions barbares. Il est certain que l’habitat s’est rétracté à cette époque. Cependant les archéologues ont aujourd’hui montré que la cité avait conservé quelques unes de ces prérogatives : son rôle militaire par l’enceinte, son rôle religieux (église et évêque), et enfin son statut de centre politique (souvent rattaché à l’évêché). La cité du IVe siècle, certes resserrée par la construction de remparts, est apparemment souvent restée assez prospère, le commerce et les échanges sont actifs. L’urbanisme des faubourgs reste cependant difficile à étudier car les traces évanescentes ont souvent été postérieurement bouleversées. Vers le Ve et le VIe siècle, les grosses villes jouent le rôle de capitales de royaumes mérovingiens. Les structures restent souvent en matériaux périssables, mélangés à des édifices du Bas Empire et on note finalement peu d’abandon de parcellaires. Les ateliers monétaires se multiplient à partir du VIIe siècle, signe d’un commerce en bonne santé. A l’époque carolingienne, les cités perdent leurs caractères de capitales et évoluent. Les quartiers de chanoines se développent à l’ombre des cathédrales (siège de l’Évêque), réintroduisant l’art et la culture quelque peu délaissés. Des faubourgs de commerçants et de marchands prolongent l’urbanisme hors des remparts. Dans les régions du Nord de la France, les nouveaux bourgs hors remparts commencent même à concurrencer les anciennes cités. A partir de 850, de nombreux remparts sont construits, appuyés de tours, prélude des châteaux du Moyen-Âge.
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