Le Haut Moyen-Âge – Ve à IXe siècle après J.C.
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Les invasions barbares, la chute de l’Empire Romain
Les “grandes invasions” du Ve et VIe siècle ne sont pas en soi aussi violentes qu’il n’y parait. Il s’agit d’un mouvement de véritable colonisation par d’autres peuples, associé à des scènes de guerre inévitables. Ces peuples vivent en parasite de rapines et de razzias. Certains d’entre eux finissent par s’installer sur les terrains abandonnés ou délaissés par les populations indigènes. L’Empire romain n’a d’autres solutions que de les “romaniser” ou plutôt de leur céder des parties entières de région en échange d’un tribut versé à l’Empire ou d’un rôle militaire de défense pour ceux se situant aux frontières de l’Empire. Il n’y a pas d’acculturation réelle de ces peuples avec les modes de vie gallo-romains. L’Empire devient une fédération, dont les membres ont en commun de vouloir se défendre contre d’autres envahisseurs mais il n’existe pas de cohésion réelle.
FOCUS : Le Raid des Huns en 451 après J.C. a marqué les esprits. Il s’agit d’une des « invasions » – le terme de razzia convient mieux, car le peuple hunique n’a pas cherché à s’installer sur les terres de Gaule – les plus sanglantes du Ve siècle. |
Les FrancsLe nom de ce peuple apparaît au IIIe siècle (il proviendrait du vieux scandinave frakkr : “hardi”). Il désigne à l’origine un regroupement de peuplades installées aux frontières de l’empire romain à l’Est (Usipètes, Tubantes, Tenctères, Amsivariens, Bructères, Chattuarii, Chamaves). La dénomination “Franc” reste très large et désigne même les Saxons et les Frisons (ce qui explique que des “Francs” aient pu opérer des razzias maritimes, d’après les textes). Un autre groupe de Francs, les Ripuaires, est mentionné sur la zone médiane du Rhin. Le peuple des Francs Saliens n’apparaît que plus tard, en 357. On ne connaît que peu de choses de ce peuple germanique, à l’origine de la dynastie des Mérovingiens. Beaucoup de chefs francs servirent Rome militairement, certains allant jusqu’à latiniser leur nom. En 395, selon Grégoire de Tours, les Francs avaient un nombre important de rois. Ils sont responsables de quelques guerres, sacs et pillages mais en 450, ils deviennent définitivement alliés du magister militum, général romain qui commandait la Gaule du Nord et aide à repousser les invasions des Huns en 451. Le premier roi Salien réellement connu est Clodion. Son fils Childeric, le père de Clovis, dont la tombe a été découverte en 1653 à Tournai, opère avec les romains en 460 contre les Goths et les Saxons. Le roi franc place alors sa capitale à Paris, zone stratégique de contrôle du Bassin Parisien (le Paris du Bas-Empire est fortement christianisé et assez développé). Clovis continue alors son expansion vers le Sud et l’Ouest, en cherchant un terrain d’entente avec les Gallo-romains, qu’il trouve grâce à son baptême catholique.
Les MérovingiensLes Mérovingiens sont une dynastie franque du Ve, qui se maintient jusqu’ au VIIIe siècle, dont le fondateur est Mérovée. On appelle par généralisation Mérovingiens tous les contemporains de cette époque. Le roi Mérovée (“animal marin”), fondateur de la dynastie, n’est peut être d’ailleurs qu’une figure mythique inventée par les saliens. • Le problème de l’assimilation entre Francs et Gallo-romains Le sujet reste assez polémique. Vraisemblablement, la noblesse franque a adopté les moeurs et coutumes sénatoriaux romains, le paysannat s’est mixé et s’est inspiré des coutumes franques (habillement, armement, lois). Les règles d’assimilation varient en fait beaucoup selon les régions. En Gaule Orientale (Austrasie), la présence franque est très forte, elle en a même modifié la toponymie. Elle constitue le centre de pouvoir des mérovingiens. En Neustrie, à l’Ouest jusqu’à la Loire, les cadres gallo-romains restent assez longtemps en place. Mais on peut cependant dire qu’une civilisation uniforme s’étend sur la France, du Rhin à la Loire. • Les faits marquants de la nouvelle culture Les sépultures deviennent presque définitivement à inhumation et marquent la fin de la crémation. Les nécropoles sont constituées en rangés, avec des sarcophages de pierre. La vie intellectuelle s’étiole. On ne possède pas de documents écrits en langue franque. Le vocabulaire apporté est essentiellement matérialiste et s’enrichit peu. • La fin de l’empire des Mérovingiens A la mort de Clovis, ses enfants se partageront son empire. Au VIIIe siècle, le pouvoir est largement entre les mains des Maires des Palais. Ainsi, les Pépinnides, de la famille de Pépin I, sont Maires de Palais de père en fils. En 751, Pépin III “Maire du Palais” renverse Childeric III, le dernier des rois fainéants, et prend possession des quatre royaumes fondés à la mort de Clovis (Aquitaine, Austrasie, Neustrie et Bourgogne). Il est proclamé roi des Francs, sous le nom de Pépin le Bref. Il est le père de Charlemagne qui donnera naissance à la dynastie des Carolingiens.
Les CarolingiensA la mort de Pépin (768), ses descendants Charles et Carloman agrandissent le royaume par de multiples conquêtes (Saxe, Espagne, Autriche, Nord de l’Italie). Charlemagne est sacré Empereur du Saint Empire Romain Germanique par le Pape Léon III. Charlemagne meurt en 814. Son fils Louis le Pieux étend son empire vers l’Est. A sa mort, l’empire est partagé entre ses trois fils par le Traité de Verdun en 843 (suite d’un préaccord, le serment de Strasbourg, signé en 842). Charles II le Chauve obtient la Francie Occidentale, Louis le Germanique la Francie Orientale, Lothaire devient Roi et Empereur de la Francie médiane (la Lotharingie). A la mort de ce dernier en 855, Louis le Germanique récupère la plus grande partie de la Lotharingie ainsi que le titre d’Empereur. |