Le Second Âge du Fer – 475 à 25 avant J.C.
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L’oppidum, la ville celtique ?
On peut se demander qu’elle est la réalité qui se cache derrière le mot oppidum. Ce terme apparaît dans les Commentaires de la Guerre des Gaules de César, mais il n’en donne pas de définition exacte. Il faut imaginer que l’oppidum était certainement, vers le Ier siècle avant J.C. très bien connus des commerçants romains. César nous permet de comprendre la signification de ces sites : centre économique, d’échange et de commerce, et centre politique.
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dCes entités semblent donc les plus importantes de la Gaule. L’oppidum est souvent fortifié (Bibracte par exemple) mais aussi parfois ouvert. Les dimensions sont variables, de surfaces incroyablement étendues à d’autres plus modestes. César a parfois utilisé le terme oppidum pour décrire des villages. « Oppidum » recouvre donc des sens et des réalités très diverses. Chez Tite-Live, qui a vécu de la seconde moitié du premier siècle avant J.C. jusqu’à la première moitié du premier siècle de J.C., certains sites sont décrits comme vicus mais aussi comme oppidum, montrant à nouveau la difficulté de comprendre le sens profond de ce mot. Il semblerait dans ce contexte à nouveau que l’oppidum ne soit pas nécessairement associé à un rempart ou à une fortification. gL’oppidum pour les archéologuesChez les archéologues, le mot oppidum concerne l’époque de la Tène Finale, désigne des sites de surface importante, associés à un rempart spécifique avec poutrage interne et porte rentrante. Une différence est réalisée entre les oppida, dont la surface laisse imaginer un habitat urbanisé, un rôle économique, commercial et défensif, des castella, sites fortifiés de petites surfaces. Notons également que les sites du premier Âge du Fer sont exclus de cette définition. Cette définition isole aussi les oppida du pourtour méditerranéen, totalement différents de ceux de la Gaule Septentrionale. On trouve des oppida dans toute l’aire atteinte de façon significative par la culture laténienne, de la Hongrie jusqu’au Iles Britanniques. Les régions les plus prospères restent celles du domaine Hallstattien, s’étendant jusqu’à la Bohème et vers le Massif Central. • Les remparts Au-delà de la fonction défensive prouvée, le rempart peut avoir un rôle politique et symbolique, comme semble le montrer l’érection de tours monumentales près du rempart (par exemple la Tour Magne à Nîmes). Si en Gaule méridionale l’oppidum est lié à la notion d’urbanisme, il n’en va pas de même en Gaule Septentrionale. Ce type de construction n’apporte en fait que peu de valeur ajoutée à l’organisation de l’habitat. Il se limite à un murus gallicus, sorte de levée de terre appuyée sur une armature de bois (dont le tressage permet d’identifier des types différents) et parementée par de la pierre. dDescription et typologie de l’oppidum en Gaule septentrionaleLe choix topographique ne se fait pas au hasard : éperons barrés, méandres, hauteurs… Le rempart est toujours adapté à l’environnement qui a été choisi pour ses propriétés défensives. Il ne fait réellement le tour de l’agglomération qu’à la Tène finale. De plus les surfaces protégées ont décuplé en général depuis l’Âge du Bronze. Le choix du type de rempart dépend du relief. Les remparts de barrage sont adaptés aux éperons barrés alors que les zones de collines sont enserrées dans des remparts de contour. L’architecture du rempart repose sur des types : le rempart à talus massif et le rempart à poutrage interne. Dans ce dernier cas, le rempart est constitué d’une levée de terre parementée d’au moins quatre mètres de haut. La face avant, parementée à sec, est structurée par une armature en bois bloquée dans la terre ou la pierraille (“murus gallicus”). Des fiches en fer viennent renforcer la construction, même si l’on considère aujourd’hui que leur rôle est plus symbolique que technique. Les remparts sont devenus assez connus des archéologues. Par contre, la taille des surfaces enserrées est un obstacle à la connaissance du contenu. Si les petites structures peuvent s’apparenter à des “châteaux” de groupes guerriers, les grandes enceintes de 10 hectares ont un rôle plus difficile à expliquer : souvent l’habitat s’appuie sur la face interne du rempart et la plus grande partie reste inoccupée. Les interprétations restent difficiles et complexes.
La conquête romaine, la fin des oppida ?La conquête romaine n’a pas directement mis fin aux oppida. Certains connaissent même leur âge d’or jusqu’à la fin du Ier siècle avant J.C. Le tissu commercial mis en place depuis le IIe siècle n’a pas été perturbé et participe à l’essor de ces oppida. Cependant, à cette époque, la Gaule connaît des troubles, signalés par quelques auteurs romains : la révolte des Bellovaques en 46 avant J.C., le long du Rhin en 39 à 37 avant J.C., la révolte des Trévires, accompagnés des Germains en 30 à 29 avant JC, ainsi que la révolte des Morins. Les troubles persistent, au moins jusqu’en 19. L’armée romaine devait donc en permanence y séjourner, notamment dans les zones frontalières. La conquête romaine de 52 n’est pas immédiatement suivie d’une acculturation du monde celtique. Ce n’est qu’en 27 avant J.C., lorsqu’Auguste réorganise la Gaule que l’administration romaine se met en place, mais de façon diffuse. La culture celtique reste donc un élément caractéristique de la culture gallo-romaine. L’oppidum est dans certain cas remplacé par une ville gallo-romaine sur le même site (Langres, Metz, Paris, Bourges…) ; dans d’autres cas la ville gallo-romaine s’installe sur une agglomération celtique de moindre importance (Alésia, Argentomagus…) ; enfin, dans le cas le plus fréquent, l’oppidum est abandonné au profit d’une ville gallo-romaine construite ex nihilo dans la plaine. L’oppidum peut parfois perdurer sous forme de sanctuaires ou de places de marché. Ce déplacement se fait en faveur d’une meilleure occupation des lieux de passages et des voies commerciales. dL’habitat en ProvenceL’affirmation des communautés (400 – 375 avant J.C vers 250 avant J.C) : sur le plan matériel, il n’y a pas a proprement parler de discontinuités ; l’habitat précédemment défini se maintient. L’habitat perché et fortifié est plutôt de petites dimensions (moins de 6ha) et prend le pas sur les petites agglomérations de plaine. La concentration d’habitant augmente donc, ainsi que la hiérarchisation sociale. Les communautés indigènes fonctionnant globalement de façon autarcique Essor et crise (250 avant J.C – 125 à 90 avant J.C) : les communautés indigènes se développent et connaissent un plein essor au IIIe siècle. Massalia entend mieux protéger son domaine maritime en fondant Nice. Les frictions s’accentuent et on note de nombreuses destructions militaires d’habitats et de sanctuaires Salyens par la coalition greco latine. Les relations entre colons grecs et indigènes sont complexes et très mêlées comme témoignent les emprunts d’urbanismes locaux aux techniques grecs (oppidum de Sainte Blaise). L’intégration au monde romain (125 à 25 avant J.C.) : Après l’intervention romaine de 125, Marseille garde son indépendance grecque mais le pouvoir romain s’affirme dans le proche Languedoc et ne cesse de grandir, par la création d’Aix. La culture Salyenne est profondément brisée dans sa dynamique. La romanisation, portée par son urbanisme, s’étend rapidement.
L’habitat dans le Languedoc MéditerranéenL’économie, la société, la culture languedocienne indigène a été fortement influencée par le développement des comptoirs grecs et de l’Italie. L’intervention romaine met rapidement fin à l’indépendance des populations indigènes, qui s’intègrent à la nouvelle société. Les habitats sont surtout des habitats de hauteur (oppida) et plus rarement en plaine. L’urbanisme évolue très vite au contact de la culture méditerranéenne : les maisons construites en pierres ou en briques remplacent les maisons en torchis sur la région côtière dès le Ve siècle, puis l’arrière-pays au IIe siècle. Les maisons sont en général constituées d’une pièce unique, parfois séparée en deux. Les maisons à plusieurs pièces n’apparaissent qu’au IIe siècle. En Languedoc occidental les maisons en dur à deux ou trois pièces sont assez fréquentes à partir du Ve siècle. Les pièces servent au repos, à la préparation des aliments, au stockage. Les espaces à proximité des maisons (rues, ruelles, placettes) sont également utilisées. Les plans d’urbanisme se modifient également. Les îlots sont en durs, plus ou moins réguliers, assez allongés, séparés par des rues et des ruelles qui se croisent selon des axes approximativement perpendiculaires. Les enceintes en brique ou en pierre de formes géométriques ne protègent rarement plus que 7 ha. Cela souligne l’existence d’un pouvoir susceptible de mobiliser les ressources nécessaires à la construction des remparts, dont l’objectif est clairement de protéger des groupes humains, mais aussi de marquer l’identité, la présence et le pouvoir des communautés locales. A partir de l’invasion romaine, la qualité des enceintes décroît et semble n’avoir plus qu’un rôle de prestige. Le plan général des maisons est rectangulaire, à entrées latérales (maisons-halles). Les forces de la toiture sont au maximum reportées sur les parois notamment à l’aide de cadres La notion de poteau porteur se raréfie. Les sablières basses permettent notamment de soutenir la charge reportée sur les parois (la technique du Blockbau en est une bonne illustration).
L’habitat rural isolé de la Tène ancienneLa technique du BlockBau, inventée à l’Âge du Bronze (construction de quatre parois solidaires en rondins horizontaux entrecroisés dans les angles et s’appuyant sur une sablière) persiste au Hallstatt. • La tradition Nordique La maison est à trois nefs, de largeurs égales, mais les parois sont faites d’une double rangée de petits piquets qui ne sont pas réellement porteurs. • Les maisons rondes Les maisons rondes, bien que décrites par César, restent pour l’instant absentes en Gaule, en dehors de la Bretagne. Mais il existe des exemplaires de maisons possédant des extrémités arrondies (qui permettent de mieux répartir le poids de la toiture). • La tradition méditerranéenne La pierre et l’argile, matières première locales, sont principalement utilisées. Les maisons sont petites et de plan rectangulaire. Les fondations sont en pierre, les parois en torchis, en briques ou en pisé. Un poteau central soutient en général la charpente. La toiture est réalisée en roseau couvert de torchis. La maison est souvent accompagnée de greniers ou d’ateliers (structure archéologique dite “fond de cabane”).
Les différents types d’habitats de la Tène FinaleA la Tène Finale, il existe un certain nombre d’habitats à côté de l’oppidum. Décrits par César, il s’agit d’aedificium et de vicus. Le terme de vicus, lié au terme aedificum dans “les Commentaires de la Guerre des Gaules” désigne des villages ouverts ou “habitat ouvert”. Les habitats sont nettement plus regroupés qu’à la Tène Ancienne où la ferme isolée prédomine. Les aedificia sont certainement des “fermes indigènes” (terme qui provient de l’anglais “nativ farm”), terme qui cache plusieurs réalités différentes. On parle donc plus volontiers d’habitats isolés. Ils se présentent sous forme d’un ou plusieurs grands enclos qui entourent un ou plusieurs bâtiments. Certaines ne sont que des fermes à vocation agricole, d’autres semblent correspondre aux demeures d’aristocrates ou de propriétaires terriens. Il semblerait que les aedificia sont les prédécesseurs, parfois les contemporains des grands établissements en dur que constituent les villae… Les vici sont assez mal documentés. Il semblerait que dans les rares cas connus, l’habitat groupé soit accompagné de nécropoles. Les découvertes archéologiques régulières de matériel d’origine romaine (amphores, poteries…) et de monnaies gauloises témoignent des échanges commerciaux de la Gaule pré-romaine.
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